Club ICC

Club ICC

Pour ce deuxième club ICC de l’agglomération de Montpellier, nous nous sommes réunis, animation & jeu vidéo pour parler économie, métiers et mutations.

Ce jeudi 3 juillet, nous avons participé au deuxième Club ICC (Industries Culturelles et Créatives) organisé par Montpellier Méditerranée Métropole, aux côtés d’une quarantaine de participants venus dès le matin pour partager un café et quelques visions croisées de nos métiers. L’objectif de ces rendez-vous est clair : mieux faire comprendre nos secteurs aux acteurs économiques du territoire — financeurs, institutions, collectivités — en allant au-delà des clichés, et en parlant concrètement de ce qui fait notre quotidien.

Après une première édition consacrée aux tournages et effets spéciaux, cette session s’intéressait à l’animation et au jeu vidéo. Deux mondes qui ont chacun leurs logiques, mais aussi des ponts intéressants à explorer.

Une rencontre entre studios, institutions et financeurs

Le format était simple et efficace : des présentations successives, suivies de moments d’échange. Côté animation, Supamonks a ouvert la matinée avec une présentation pédagogique des métiers et des étapes de fabrication. Une plongée utile pour des interlocuteurs parfois encore éloignés de nos réalités de production. Une pensée chaleureuse à Peyo qui n’a pas pu nous rejoindre pour cette partie là, et on espère ne pas avoir trahi son propos.

Puis nous avons pris la parole pour présenter l’économie d’un studio comme le nôtre, entre prestations, co-productions et appels d’offres. Nous avons notamment détaillé l’impact de notre statut de SCOP, les spécificités du cinéma indépendant, et le rôle essentiel de notre activité de R&D, qui bénéficie de subventions d’exploitation. Ces éléments sont souvent peu lisibles dans un bilan comptable classique, mais ils changent profondément la façon dont on doit interpréter les chiffres d’un studio créatif.

Olivier Pinol (Dwarf Animation) a ensuite présenté l’évolution de son studio, installé à Montpellier depuis plus de 15 ans, et tourné depuis longtemps vers l’international. Il a partagé son retour d’expérience sur l’investissement de 1,5 million d’euros dans un pipeline temps réel basé sur Unreal Engine, soulignant les enjeux d’adaptation constante dans nos métiers. Un témoignage fort, à la croisée de la technologie et de la stratégie d’entreprise.

Nous avons eu de belles discussions à la pause avec plusieurs banquiers présents, curieux de mieux comprendre notre modèle. Notre banque, la Banque Populaire du Sud, était d’ailleurs représentée (et remerciée par plusieurs interlocuteurs du jour), et nous n’étions pas les seuls à souligner l’importance d’avoir, en région, une agence de l’innovation capable d’accompagner nos métiers si particuliers.

Un tissu solide, mais des lignes de fragilité

Ce rappel de la longévité des structures locales était d’ailleurs un fil rouge de la matinée : Dwarf (15 ans), Supamonks (18 ans), Wild Sheep Studio (12 ans), Digixart (10 ans),et bientôt Les Fées Spéciales (10 ans aussi). Ce sont des entreprises ancrées, qui ont traversé des cycles économiques, construit des équipes, formé des talents.

Mais cette solidité apparente ne doit pas masquer les mutations profondes que traversent nos secteurs. Nous avons évoqué la baisse des commandes constatée en 2023 et 2024, les changements dans les modes de diffusion, les arbitrages plus serrés côté chaînes et plateformes. Une réalité bien connue des professionnels, mais parfois encore mal perçue à l’extérieur. Certains interlocuteurs ont été surpris d’apprendre que nos filières sont, elles aussi, sous tension. Ces moments d’échange sont là pour ça : partager une réalité concrète, sans alarmer mais sans masquer.

Côté jeu vidéo : économie, émergence, et résilience

La seconde partie de la matinée était consacrée au jeu vidéo, pilotée par le cluster Push Start. François Cubaynes a dressé une cartographie claire des phases de fabrication, de l’économie du secteur, et de ses spécificités structurelles (pas de convention collective, impossibilité d’employer des intermittents, une logique de projets très marquée).

Trois studios ont ensuite pris la parole :

  • Dupergames, qui s’apprête à sortir son premier jeu, a partagé les difficultés à trouver des financements sur de “petits” montants (moins de 200 000 €), souvent en dehors des radars des dispositifs classiques.
  • Yoan Faniss de Digixart, en toute transparence, a raconté les hauts et les bas vécus en dix ans, avec deux projets compliqués avant d’arriver à un succès. Un témoignage précieux sur la résilience entrepreneuriale dans les ICC.
  • Enfin, Céline Tellier de Wild Ship Studio a clôturé la matinée en revenant sur les défis rencontrés par son studio, et les évolutions du marché. Tout en parlant de leur nouveau projet “adorable creatures”

Ce que nous retenons

  • Que l’animation et le jeu vidéo ont des fonctionnements économiques très différents, mais peuvent apprendre l’un de l’autre.
  • Que notre tissu régional est vivant, stable, et plein d’initiatives, mais qu’il faut rester attentif aux signaux faibles.
  • Que ces moments de dialogue avec les financeurs sont précieux, car ils permettent de rendre visible ce qui ne l’est pas toujours dans un tableau Excel.

Un immense merci à Valérie Chaillou et à la Métropole de Montpellier pour l’organisation, à Laurent Quitard (KarLab et président du MIA) et à François Cubaynes (Push Start) pour la coanimation, et à Wild Ship Studio pour leur chaleureux accueil.

Le prochain Club ICC aura lieu à la rentrée. Nous y serons, bien sûr