16 Juin L’enfance volée de Birahima
Sélection officielle Annecy.

Notre dernier long métrage été montré pour la première fois à Annecy, retour sur une belle aventure et une belle projection.
– Un récit coup de poing, un défi technique, et une aventure humaine
Le long métrage Allah n’est pas obligé, réalisé par Zaven Najjar, était présenté en compétition officielle au Festival international du film d’animation d’Annecy 2025, après un passage remarqué en Work in Progress lors de l’édition 2024. Adapté du roman éponyme d’Ahmadou Kourouma (Prix Renaudot 2000), le film est une plongée brutale et lucide dans la réalité des enfants soldats en Afrique de l’Ouest.
On y suit Birahima, un garçon de 10 ans contraint de traverser plusieurs pays en guerre à la recherche de sa tante, après la mort de sa mère. De faction en faction, il devient soldat malgré lui. Mais c’est à travers son regard, naïf, ironique, parfois cru, que le film déploie toute sa force : un regard qui dévoile l’absurdité des conflits, les hypocrisies politiques et religieuses, et la mécanique glaçante de la violence imposée aux plus jeunes.
Le film, produit par Sébastien Onomo (Special Touch Studios) aux côtés de Need Productions, Thiltges Distribution, Yzanakio Production, avec Bac Films à la distribution, est une coproduction entre la France, la Belgique, le Luxembourg la Slovaquie et le Canada.

Rejoindre le train en marche : un défi pipeline stimulant
Le studio Les Fées Spéciales a rejoint le projet en cours de fabrication au printemps 2024, avec une mission claire : reprendre, améliorer et fluidifier le pipeline de production, sans ralentir le calendrier. Un défi de taille sur un long métrage déjà bien engagé (la pré prod était finie, le layout était fait à 30%, l’animation commençait).
Il a fallu entrer rapidement dans l’existant, comprendre ce qui avait été imaginé, tout en apportant des améliorations tangibles sans créer de friction. Ce type de mission implique un travail d’orfèvre : il ne s’agit pas seulement d’installer des outils, mais de mettre de l’huile dans le moteur, en facilitant les échanges et en assurant la robustesse de la chaîne de production.
Pour cela, nous nous sommes appuyés sur notre outil Libreflow, dont une nouvelle version, plus modulaire, a été déployée pour l’occasion. Elle nous a permis de répondre avec agilité aux besoins des différentes équipes, notamment dans les échanges entre Blender, utilisé pour l’animation et le layout, et After Effects, utilisé pour le compositing au sein du studio québécois Du Coup Animation.
L’un des enjeux techniques majeurs fut la gestion du lens shift (décalage optique intégré au layout), qui a nécessité la mise en place de ponts spécifiques entre les logiciels pour garantir une cohérence visuelle jusqu’à la toute dernière étape.
Une esthétique affirmée et un travail d’équipe
Graphiquement, le film prolonge et dépasse l’univers déjà posé dans La Sirène, précédent projet de Zaven Najjar. Ici, la direction artistique est plus colorée, plus texturée, plus immersive, avec une profondeur visuelle marquée par un gros travail de rendu. Le relais pris par Du Coup Animation pour le compositing a permis de sublimer cette richesse visuelle, dans une grande cohérence artistique.

Mais au-delà des outils, la réussite de ce projet tient à l’humain. La relation de confiance avec Zaven et Yukiko Meignien, assistante réalisatrice hors pair, a été au cœur du processus. Retrouver une équipe connue, investie, passionnée, a rendu cette aventure aussi fluide que stimulante.
Un accueil à la hauteur
Le jeudi 12 juin, la grande salle de Bonlieu à Annecy était comble. Les rires, les silences lourds, puis les applaudissements nourris tout au long du générique témoignaient de la puissance du film. Les retours du public, les échanges après la séance, ont été des moments précieux. Après toute l’énergie investie par toutes les équipes — et un rendu final à peine bouclé quelques semaines avant —, ces instants partagés ont été à la fois un soulagement et une récompense.

Un film fort, un regard rare
Allah n’est pas obligé est un film dur, tranchant, mais profondément humaniste. Il dénonce sans jamais verser dans la leçon ou la victimisation. Il joue avec les contrastes : entre rire et larmes, entre enfant et soldat, entre beauté visuelle et horreur des faits. Il montre aussi que l’animation peut aborder des sujets complexes avec justesse et puissance.
Nous sommes fiers d’avoir participé à cette aventure, et nous adressons tous nos vœux de réussite à l’équipe pour la suite du parcours du film. Merci à celles et ceux qui ont porté ce projet avec passion, détermination et sincérité.