10 Nov Une exploration polaire
Making-of de l’exposition Antarctica au Musée des Confluences à Lyon
A l’occasion l’exposition Antartica, au musée des Confluences à Lyon, nous avons joué les fées sur glace, glissant allègrement sur l’immensité inconnue de l’Antarctique.
Afin d’illustrer les phénomènes biologiques et marins, Luc Jacquet (réalisateur de La marche de l’Empereur , Le Renard et l’Enfant, Il était une Forêt) et son équipe, ont choisi le film d’animation pour accompagner leurs fabuleuses images rapportées lors leur dernière exploration en Terre Adélie.
Nous avions parlé du lancement de l’exposition et nous partageons à présent les coulisses de la création de ces tableaux animés imaginés par Marie Saby et Eric Serre. Vous pouvez voir les images définitives dans la fiche projet Antarctica Confluences dans la partie Projets du site.
Le courant circumpolaire
Véritable mur d’eau froide ceinturant le continent antarctique, le courant circumpolaire constitue l’un des moteurs principaux de la circulation des eaux de la planète. C’est LE véritable système de contrôle climatique mondial alimentant le formidable courant thermohalin. Ce mur d’eau, nous l’avons imaginé comme une aurore « boréale », une fleur de lumière bleutée. À l’écran cette bande de lumière aquatique se positionne et se déplace dans un sens bien précis respectant les données scientifiques.
Le planisphère est aussi une création sur mesure pour l’exposition. Tout d’abord, il y a l’élévation du continent et les fonds marins devaient être modélisés selon les données rigoureuses de la NASA. Le talent de Damien, Fée ingénieuse, a relevé le défi. Tout ce qui est figuré, en pic et en creux, est rigoureusement exact, avec une once d’accentuation pour être significatif à l’image.
La situation géographique de l’Antarctique nous a elle aussi contraints dans la modélisation du globe terrestre. Nous avons aplati le globe pour contrôler la perspective et offrir au spectateur le point de vue le plus limpide possible, avec la proximité de l’Amérique, l’Australie et l’Afrique à l’horizon. Exact et pourtant adapté, voilà le grand écart de la représentation documentaire scientifique.
Le cycle de la banquise de mer
Le confinent blanc double de surface en fonction des saisons. Comme un coeur, l’expansion de la banquise semble pulser sur le pôle du Monde! Là aussi, les données de la Nasa nous ont permis de comprendre et de respecter des phénomènes complexes et colossaux. Un compteur mensuel aide à comprendre le cycle des saisons.
Le trajet d’un pôle à l’autre
L’équipe du tournage a réalisé un énorme périple depuis notre petit pays de France jusqu’à la base de Dumont d’Urville. Nous avons voulu montrer les deux pôles sur la même illustration. Trop souvent, les planisphères représentent l’Antarctique comme une grande bande blanche en bas de la page, peu lisible… Aucune idée de sa forme… Pas de rapport d’échelle évident… Bref, le défi est aussi relevé grâce aux mathématiques et à la projection dite « mercator transverse », sans oublier le talent de nos infographistes maison.
Voici quelques essais qui ont évolué vers la version que nous avons animée visible sur la fiche projet. Un compteur met en relief la distance colossale du voyage pour l’équipe, par air et par mer.
La version ci-dessous est le modele retenu. Cadré plus serré les déformations des continents ne posaient plus de problèmes. La caméra animée donne ensuite l’impression d’une boucle infinie, arrivant par le Nord, descendant au Sud accompagnant l’expédition, puis recommançant encore et encore.
La répartition des espèces
La vie est présente dans cet immense désert de glace, sur les îlots de la station française antarctique. Voici quelques espèces d’oiseaux représentées : le fulmar, le pétrel géant, le damier du Cap, le manchot Adélie, le manchot empereur et le pétrel des neiges.
La représentation de la banquise a été un des points délicats de l’aventure graphique. Suggérer et montrer les informations, tel est notre cap ! Cependant, en accord avec le directeur de l’exposition Luc Jacquet, ce tableau a été mis de côté et nous n’avons gardé au final que les icônes des animaux pour illustrer la zone d’exposition concernée.
Les performances animales
Comment mettre en forme que ces profils de plongée du phoque de Wedell, du manchot empereur et de l’homme ?
Notre petit plongeur semble bien modeste face à ces animaux extraordinairement bien adaptés… Malgré une performance physique hors du commun dans ce milieu hostile et froid.
Aux vues des performances à illustrer, il fallait les confronter visuellement pour comprendre leurs différences.
Plusieurs propositions sont recherchées avant de trouver cette mise en scène en plan de coupe. L’aspect final, simple comme de l’eau de banquise vous est présenté en comparaison. Bonus, voici un petit aperçu de l’espace de travail du plan: une forêt de signe, de contrôleurs mélangeant les deux techniques en 2 et 3 dimensions.
L’aventure graphique est maintenant arrivée à son terme, en temps et en heure. Elle nous a apporté une grande satisfaction artistique et le plaisir d’offrir au public notre partition animée, au milieu des magnifiques photographies de Vincent Munier et Jean-Luc Ballesta.
À présent, de nouvelles créations glacées nous appellent sur deux films documentaires à venir.
Commissaire de l’exposition : Luc Jacquet
Direction de production : Virginie Guilminot et Eve Machuel
Direction artistique : Marie Saby et Eric Serre
Direction technique : Flavio Perez
Animation : Meryl Plane, Maxime Labate, Damien Picard
R&D : Damien Picard
Compositing : Nowen Eve, Damien Picard et Flavio Perez