Lettre ouverte du RECA

Lettre ouverte du RECA

Le RECA (Réseau français des Écoles de Cinéma d’Animation) a publié une lettre ouverte à l’égard de l’éditeur Adobe, que nous partageons ici.

Les 22 écoles réunies au sein du Réca ont pris note de l’orientation nouvelle de la politique commerciale d’Adobe. Le Réca l’estime contestable dans son principe et préjudiciable dans ses effets prévisibles. Il souhaite porter à la connaissance du secteur de l’animation et des secteurs voisins les remarques suivantes.

– La pratique commerciale que Adobe cherche à imposer s’apparente à de la vente forcée. Décidé unilatéralement, le remplacement de l’achat de licences par un abonnement s’accompagne d’un enchérissement qui ne pourra pas rester sans conséquence sur le coût des études ni sur la quantité des équipements logiciels disponibles.

– Elle place de surcroît l’école cliente en situation de dépendance : la généralisation des mises à jour automatiques est une atteinte à la liberté pédagogique de l’école en ce qu’elle la prive de fait de la maîtrise du rythme pédagogique.

– Le recours obligé aux serveurs d’Adobe (le « cloud ») justifie des doutes sérieux quant à la fiabilité, à la sécurité et à la confidentialité des conditions de stockage des données des écoles. L’actualité récente  prouve malheureusement que ces craintes sont fondées.

La nouvelle politique commerciale d’Adobe fait courir aux écoles des risques inutiles sur le triple plan économique, pédagogique et professionnel. Elle menace la qualité des formations et donc, au-delà, la productivité des studios d’animation et la compétitivité des productions.

La brutalité de cette politique s’explique évidemment par la conviction de l’éditeur d’être « incontournable », du fait de la prééminence sur nos marchés de plusieurs de ses produits. Dans cette situation, chacune des écoles réagira à court terme au mieux de ses intérêts et de ceux de ses étudiants. Mais le RECA croit aux vertus de la concurrence et sait que le secteur a besoin de diversifier les stratégies de fabrication, de combiner les outils, d’intégrer l’innovation. Face aux menaces d’enchérissement monopolistique et d’appauvrissement des pratiques professionnelles, de nouveaux outils logiciels sont nécessaires à moyen terme : le RECA veut en favoriser l’émergence et, pour cela, lance un appel à la mise en place de partenariats de développement, ouverts aux développeurs indépendants, aux studios d’animation, aux laboratoires académiques, aux institutions concernées… et jusqu’aux éditeurs commerciaux.  La (les) forme(s) en reste(nt) à définir, les contours à préciser. Ce n’est aujourd’hui qu’un « vœu pieux », mais il émane du meilleur du secteur de la formation, qui est prêt à y investir son expertise.

29 mai 2014

Les membres des Fées Spéciales ont, comme tout le monde, depuis longtemps utilisé les solutions logicielles d’Adobe lors des différents projets rencontrés. Le virage du système de licence, passant d’une licence à vie pour une version à un abonnement, pause de réels soucis éthiques et techniques. En tous cas on est en droit de se poser beaucoup de questions, les inquietudes soulevées sont réelles :

Aujourd’hui, rien ne peut garantir que je pourrai ouvrir mes fichiers dans le futur. Beaucoup de scénarios peuvent arriver à cette conclusion. Le fait est qu’on ne peut pas installer une version précédente, donc rien ne me dit que les versions futures ouvriront le dit fichier. Ou alors c’est LE plugin dont j’avais besoin qui n’existe plus. Ou encore les serveurs d’Adobe qui ne repondent plus et on ne peut tout simplement plus faire tourner les logiciels Adobe.

Rien ne me garantie d’ailleurs de pouvoir faire tourner la prochaine version de leur logiciel qui ne serait plus compatible avec mon parc informatique et mes outils de travail. Et comme le système d’abonnement me force à aller de l’avant et suivre les mises a jour logiciel, pourrais-je encore travailler ? Qui garantie qu’Adobe ne va pas faire varier ses tarifs, vers des offres plus cheres, une fois le systeme de Cloud bien en place ? Nous devenons alors petit a petit otages de leur offre commerciale.

L’offre logiciel d’Adobe est très efficace et le placement commercial est tres aggressif et attractif pour les petites structures, comme la notre. Mais nous faisons le pari de prendre des chemins alternatifs pour ne pas nous poser les questions énoncées ci-dessus quand nous sommes en milieu de production et qu’une mise à jour nous empêche de travailler. Nous faisons le pari de prendre les routes alternatives, bien moins balisées, mais libres. Et avec de l’énergie, et a notre niveau, nous participerons a améliorer ses autres solutions.